lundi 12 février 2018

Lizzie : Interview de Chloë Sevigny avec Playboy [Sundance 2018]

A l'occasion du Festival du Film de Sundance 2018, Chloë Sevigny mentionne Kristen et parle de Lizzie, de leur collaboration, de leurs personnages et du mouvement féminin Time's Up dans une interview avec Playboy. 



Journaliste : Vous avez parlé de Lizzie Borden comme une icône gothique et j'adore ça. Le cinéma gothique et ses personnages semblent être de retour. Pourquoi pensez-vous que c'est le cas ?
Chloë Sevigny: Dans la tourmente politique, de manière similaire aux années 1960, les films d'horreur connaissent une résurgence. Chaque fois qu'il y a un bouleversement politique, les gens reviennent à cela. L'explosion d'American Horror Story est un exemple. Je pense que les gens sont simplement en train de découvrir ça.

Journaliste : Certains pourraient qualifier Lizzie Borden d'anti-héros et il y a une tendance grandissante à mettre en vedette ces archétypes féminins dans le cinéma, [le film] Moi, Tonya étant un exemple.
Chloë Sevigny : Je veux dire, Lizzie est une hors-la-loi. Une partie de la raison pour laquelle elle s'en est tirée était parce que ces 12 hommes ne pouvaient pas imaginer une femme faire ces actes et je trouve que c'est choquant de voir une femme faire ce genre de violence à l'écran, dans le vif, comme vous allez le voir [dans le film].

Journaliste : Est-ce que Lizzie Borden est un personnage que vous avez voulu jouer pendant des années ?
Chloë Sevigny : Oui – en fait, l'une des mes amies est venue chez moi une année, pour Halloween, habillée en Lizzie. Elle avait simplement une photo d'une hache de sécurité épinglée dans son dos et elle a vraiment les cheveux roux, comme Lizzie, et cette tenue de type victorien. Nous avons commencé à parler de Lizzie et à faire des recherches sur internet. J'ai réalisé que la maison du meurtre était devenue un 'bed and breakfast'. Mon petit ami à l'époque et moi sommes restés dans la maison et dans le cadre de l'expérience, vous visitez la maison. Alors qu'ils racontaient l'histoire de cette femme dans cette maison et ces meurtres, je savais simplement que je devais l'interpréter. Je ressentais tellement d'empathie pour elle et ses péripéties.

Journaliste : Quelle était l'histoire inédite que vous vouliez explorer ici ? La scénariste, Bryce Kass, a dit qu'il y avait beaucoup de trous noirs, en particulier liés au meurtre réel.
Chloë Sevigny : Les meurtres ne sont toujours pas résolus et il y a tellement de théories, mais je ne pense qu'il y en ait une qui n'ait pas été explorée parce qu'il y a tellement de livres. Bridget était à proximité de l'endroit où les meurtres ont eu lieu et d'un témoin important dans le procès. Nous voulions qu'elle soit impliquée et tout le monde aime une bonne histoire d'amour. Nous voulions donner à Lizzie cette fuite. Nous avons toujours pensé à elle comme torturée et n'ayant aucun amour et étant dans cette vieille maison. Ensuite, il y a eu des récits d'elle voyageant à travers l'Europe et ayant des relations étroites avec des femmes. Elle a développé une relation avec l'actrice Nance O'Neill et sa sœur l'a abandonnée après ses procès, soit-disant parce qu'elle désapprouvait son style de vie. Donc, il y avait beaucoup de choses qui indiquaient cela. En outre, il s'agissait plus de briser le patriarcat.

Journaliste : Diriez-vous que les meurtres étaient justifiés ?
Chloë Sevigny : Je suis toujours un peu inquiète à ce sujet, s'il va y avoir une réaction féministe.

Journaliste : Mais quel était votre choix en interprétant Lizzie ? Était-ce justifié pour elle ?
Chloë Sevigny : Je pense qu'elle a vu que c'était sa seule issue. Elle connaissait l'abus qui se produisait avec Bridget et elle voulait sauver Bridget et elle-même. Elle avait cette idée de les voir s'enfuir ensemble au coucher du soleil.

Journaliste : Vous avez passé huit ans à lancer le film. C'est génial que les producteurs commencent à signer des récits féministes, mais à ce moment-là, est-ce que quelqu'un vous écoute ?
Chloë Sevigny : Faire un film est si difficile et l'une des choses les plus difficiles est de pousser le contrôle à d'autres producteurs. La réalisation de film est collaborative. Il y a beaucoup de choses dans le scénario original qui ne sont pas dans la version finale et il est difficile de laisser tomber ces choses. Nous sommes chanceux d'avoir eu Kristen ; sans elle, nous n'aurions probablement pas pu faire le film. Alors, que Dieu la bénisse pour ça. Maintenant, je pense que les gens sont plus intéressés par le fait de raconter ce genre d'histoires et d'avoir des rôles phares féminins. Et je suis heureuse que le film sorte à ce moment-là, c'est vraiment opportun et j'espère que le monde le verra.

Journaliste : Qu'est-ce qui n'est pas resté dans le film ?
Chloë Sevigny : Certaines répliques, scènes, émotions. Il y a un tout autre scénario, un tout autre aspect de la relation de Kristen et de mon personnage où [Bridget] s'interroge sur ce qu'elles font, si c'est immoral ou non. C'était beau et cela a ajouté de la profondeur à leur relation. C'était difficile à abandonner.

Journaliste : Dans le film, Lizzie et Bridget existent dans cette bulle de douceur au milieu de l'horreur qui les entoure. Pourquoi avez-vous choisi Kristen pour le rôle ?
Chloë Sevigny : Je suis toujours attirée par elle, à chaque fois que la vois sur un écran. Simplement captivée par elle. J'ai aimé notre différence de taille et nos différences de couleur, la façon dont nous apparaissons ensemble à l'écran. Aussi, son personnage, qui elle est en tant que personne. Même en castant mes propres courts métrages et en regardant beaucoup d'actrices, je regarde toujours qui elles sont dans leurs tripes, en voulant choisir quelqu'un en qui je crois vraiment. Et je crois aux choix que [Kristen] fait. Je pense qu'elle est une vraie artiste envers et contre tous. Je voulais quelqu'un qui allait se battre pour moi, qui allait me pousser et elle l'a fait. Elle a dit, 'Tu es la raison pour laquelle je suis ici, en train de faire ce film, Chloë'.
Nous sommes des âmes sœurs. Elle est définitivement une marginale et j'ai l'impression que maintenant que je veillis – eh bien, je ne sais pas si je peux encore le revendiquer. Je pense que nous sommes plus que des simples actrices … J'espère que c'est le cas, tu vois ce que je veux dire ? Il y avait une réelle – je ne veux pas parler pour elle – mais il y avait un réel désir entre nous, une admiration. Donc, il y avait de l'intimité, une étincelle et de la chimie.

Journaliste : Quel sentiment cela procure de montrer cela devant le public, lorsque le mouvement #MeTo est un sujet d'actualité, d'autant plus que ce film traite de misogynie et d'abus ?
Chloë Sevigny : Je veux dire, regardez le personnage de Bridget. Elle ne pouvait pas parler et il n'y avait personne pour l'aider. Tout ce qui peut permettre aux femmes de trouver leur voix, de demander de l'aide ou de se sentir enhardi, je veux en faire partie. Avec Time's Up – je ne suis pas nécessairement engagée avec eux – mais je crois en ce qu'ils font et si elles aident les femmes avec le financement, les procès et le fait de trouver leurs voix ? Je suis complètement pour ça.

  

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