mardi 20 juin 2017

Come Swim : Interview de Kristen avec Women And Hollywood [Cannes 2017]

A l'occasion de la press junket de Come Swim lors du Festival du Film de Cannes 2017, Kristen évoque le développement de son premier court métrage, le tournage ou encore le métier d'actrice et celui de réalisatrice dans une interview avec Women And Hollywood.
Interview à Cannes – Kristen Stewart explique pourquoi la réalisation ne devrait pas être de la rectification

Kristen Stewart est en train de se construire une belle carrière. Elle a connu la célébrité internationale dans Twilight, mais c'est ce qu'elle a fait après la franchise à propos d'une histoire d'amour vampirique qui l'a vraiment révélé. Au lieu de graviter autour de blockbusters ou vers l'appât que représentent les Oscars, elle a signé pour apparaître dans des films indépendants intéressants et elle a livré des performances remarquables dans des films comme Certain Women de Kelly Reichardt et Personal Shopper et Clouds Of Sils Maria d'Olivier Assayas. Et maintenant elle se lance dans la réalisation. Elle est à Cannes pour son nouveau court métrage, Come Swim.

J'ai parlé avec Stewart à propos de la raison pour laquelle a décidé de passer derrière la caméra, ce qu'elle cherche dans un projet et la raison pour laquelle elle pense que la réalisation ne devrait jamais être rectificative.

Come Swim a été projeté en avant première mondiale à Sundance en janvier et il a fait ses débuts à Cannes le 20 mai.

Journaliste : Merci d'avoir pris le temps de me parler. Women And Hollywood se focalise sur le féminisme et le business. Voici l'un de nos badges.
Kristen Stewart : 'Éduquer. Militer. Agiter'. Foutrement vrai !

Journaliste : J'ai pensé que vous seriez d'accord. Alors, d'où provient l'inspiration de ce film ?
Kristen Stewart : J'étais en quelque sorte focalisée sur une image : une personne dormant sur le fond de l'océan – ce qui est évidemment un lieu très inhospitalier pour qu'un homme y dorme – et de voir ce contentement étrangement placé, la satisfaction de cet isolement et se demander pourquoi il s'agit de quelque chose de plaisant pour lui.
Tout le monde – les jeunes en particulier – passent par ce genre de chose : votre première désillusion ou peine de cœur qui vous place en périphérie de la vie. Vous avez le sentiment que vous ne pouvez pas participer aux choses normales. Vous vous demandez, 'Putain ? Je suis là, j'ai l'impression que je suis là, mais putain je ne suis pas là. Je suis saturé. J'évolue dans l'eau'. Il ne s'agit pas nécessairement de dépression autant que d'anxiété ou d'incapacité de participer à des choses 'normales'. Vous aggravez cette douleur lorsque vous êtes petit ; vous croyez que votre douleur est différente de la norme.
Donc, l'idée était de faire ressentir cette douleur, puis de regarder quelqu'un, pendant un instant, simplement pour réaliser qu'en fait ils vont très bien. Voir cela un jour de deux perspectives différentes. L'un des deux est le sien et c'est tellement graphique, surréaliste et anormal. Ensuite, vous sortez de cela, vous allumez les lumières et vous réalisez que, en fait, tout le monde a fait quelque chose comme cela.

Journaliste : Le début du film suggère certainement le sentiment d'être simplement submergé et sous l'eau, donc l'explication aide énormément. Si vous deviez le décrire en une phrase, que diriez-vous aux gens ? 'Come Swim est …' ?
Kristen Stewart : Je dirais qu'il s'agit de deux points de vue sur l' 'évolution' d'un homme. De plus, en ce qui concerne l'utilisation de la voix off du film, elle parle de la perspective et de la façon dont vous vous souvenez d'une situation. Vous pouvez absolument vous auto attaquer avec des souvenirs, et ensuite si vous regardez la même situation sous un point de vue légèrement différent, cela peut apparaître [très différemment].
Essentiellement, j'avais mes deux acteurs qui traînaient dans une piscine et qui se chamaillaient ; ils prétendaient noyer l'autre, ce qui semble dramatique, mais en fait c'était mignon. Dans le film, le personnage principal est un peu revêche et peu disposé à nager ; il n'aime pas l'eau. Théoriquement, ils ont rompu et tout ce qu'il fait est de penser à ce qu'il aurait pu faire différemment pour éviter de foirer tout cela. Il se demande toujours, 'Pourquoi n'ai-je pas envie de nager avec elle ? Qu'est-ce que j'ai dit ? Mon dieu, tout ce qui me concerne est terrible'.
Vous commencez simplement à revenir dans votre mémoire, en vous demandant ce que vous auriez pu faire différemment. Mais, si vous dépassez cela, vous vous rendez compte que ce sont des souvenirs amusants que vous utilisez comme horribles.
Donc, j'ai utilisé les mêmes messages vocaux dans différents endroits avec des lectures légèrement différentes. Certains sont sinistres, agressifs et effrayants et ensuite les mêmes mots sont exprimés par le rire pour créer un souvenir différent et charmant.

Journaliste : Était-ce personnel pour vous ?
Kristen Stewart : A 100 %.

Journaliste : Qu'est-ce qui vous a décidé à écrire et réaliser ? A quel moment avez-vous su que vous vouliez faire cela ?
Kristen Stewart : J'ai toujours voulu faire des films depuis que j'ai 9 ou 10 ans – dès que j'ai voulu jouer la comédie. J'ai regardé le processus depuis je suis un bébé. Ma mère, Jules Mann-Stewart, est une responsable scénariste et mon père, John Stewart, est un producteur pour la télévision. J'ai toujours été sur les tournages avec ma mère et elle a toujours travaillé très étroitement avec les réalisateurs.
Je voulais être sur les tournages. J'ai adoré l'effort de l'équipe. J'ai vraiment aimé que les gens fassent des choses totalement folles et j'ai pensé que le rudiment de tout cela devait valoir quelque chose. Faire partie de cela était vraiment attrayant.
Au fur et à mesure que j'ai vieilli et en fait commencé à faire partie de ce processus, j'ai compris à quel point cela pouvait être spirituel ; la seule chose qui pourrait obliger quelqu'un à travailler dur est cette nature compulsive, artistique et protectrice ; la nécessité de protéger une histoire, de s'assurer que l'expérience de celle-ci peut être transférée sur d'autres parce qu'elle en vaut la peine.
Les meilleurs réalisateurs avec lesquels j'ai travaillé vous donnent toujours le sentiment que vous avez une main qui tient ce bol d'eau. Vous devez avoir terminé à la fin de la ligne et cela part dans tous les sens. Mais, si nous avons tous un rôle égal, nous pouvons le mener jusqu'à la fin et toute l'eau sera encore dans le bol.

Journaliste : C'est une belle image. Je suis certaine que vous avez travaillé avec des réalisateurs que vous avez aimé et certains que vous n'avez pas aimé. Qu'avez-vous appris des réalisateurs – bons et mauvais – que vous avez amené dans ce projet ?
Kristen Stewart : La réalisation est un mot étrange parce que cela implique que vous disiez aux gens ce qu'il faut faire. Le meilleur sentiment dans le monde entier est de vouloir quelque chose, de transmettre ce désir aux autres et de le voir devenir une chose égoïste pour eux – quelque chose qui n'a rien à voir avec le fait de me faire une faveur ou de satisfaire un travail. C'est en fait ce transfert de désir. Tout à coup, ils atteignent un endroit où ils commencent en prendre possession par eux-mêmes.
La réalisation n'est jamais à propos de la rectification ; c'est le pire. Vous pouvez influencer les gens, mais, à la fin de la journée, vous avez amené les gens dans un endroit parce que vous êtes inspiré par eux. Vous voulez regarder ce qu'ils font.

Journaliste : L'autre jour, lors d'une interview 'Women In Motion', Robin Wright a déclaré, 'ne jamais dire non'.
Kristen Stewart : Tout à fait. Parce que si vous n'aimez pas quelque chose, ne leur dites pas. Si quelqu'un est sur le chemin, ne les dévalorisez pas. La raison pour laquelle vous êtes là est d'explorer quelque chose. Il ne s'agit pas de contrôler finement cette expérience. Vous souhaitez que quelqu'un découvre et expérimente.
Je ne veux pas emballer et livrer des idées ; je veux que tout le monde soit dans une pièce, médite sur un sujet, le capture, l'assemble et l'étend. Je ne suis pas trop précieuse à ce sujet.

Journaliste : C'est la raison pour laquelle je pense que les femmes sont vraiment des bonnes réalisatrices ; nous savons comment rassembler énormément de gens parce que c'est ainsi que nous sommes socialisés.
En parlant de femmes réalisatrices, vous avez fait Twilight avec Catherine Hardwicke. Bien que ce soit le film qui ait fait le plus de bénéfices réalisé par une femme à cette époque, elle a dû subir une réduction de salaire pour son film suivant. Même aujourd'hui, elle continue de lutter pour faire ce prochain film. Quelles sont vos réflexions à ce sujet et les opportunités pour les femmes ?
Kristen Stewart : Il existe une valeur absolue dans un processus de prise de décision induite par l'argent. Je veux que les gens voient les films sur lesquels je travaille. Je veux qu'ils touchent autant de personnes que possible. Mais, les gens qui réussissent vraiment à faire sont tellement compulsifs.
Regardez quelqu'un comme Andrea Arnold. Elle raconte ses propres histoires. Elle n'est pas engagée. Personne ne peut raconter les histoires qu'elle raconte. Ils sont les siens. Ils viennent d'elles.
C'est indubitablement ennuyeux qu'énormément de temps soit nécessaire pour trouver un équilibre. Il n'y a pas d'égalité dans ce business.

Journaliste : On ne s'en approche même pas. Les femmes réalisatrices représentaient 4% dans le top 100 des films ayant le plus rapporté au box office l'année dernière.
Kristen Stewart : C'est toujours un peu difficile d'en parler. 

Journaliste : Je sais. Il n'y a pas de réponse, mais vous êtes une personne tellement engagée. Vous avez travaillé avec des hommes et des femmes comme Kelly Reichardt. Tout le monde veut travailler avec, mais elle gagne si peu d'argent pour ses films.
Kristen Stewart : Je sais, mais cela montre également qui elle est.

Journaliste : Elle aimerait un peu plus d'argent.
Kristen Stewart : Certainement, mais si vous regardez les types de films qu'elle fait, ils ne rapportent pas beaucoup d'argent.

Journaliste : Eh bien, je crois également que c'est un cercle vicieux. S'ils étaient projetés dans plus de cinémas, alors plus de gens le verraient et ainsi de suite.
Kristen Stewart : Bien sûr. Pensez-vous qu'ils ne sont pas projetés dans plus de cinémas parce que c'est une femme ?

Journaliste : Je pense que certains films ne sont pas plus projetés dans les cinémas parce qu'ils n'ont pas assez de budget pour justifier plus de cinémas ; ils n'ont pas le budget marketing pour les repousser. Mais, même le dernier film d'Andrea Arnold, American Honey, était assez commercial. Il aurait pu être plus projeté et cela aurait être une option pour les Oscars.
Kristen Stewart : J'ai été choquée que cela n'est pas été le cas.

Journaliste : C'est vrai. L'occasion ne s'est pas présentée et cela montre le nombre écrasant des critiques masculines à un certain niveau. C'est un cycle très difficile à briser. Vous en avez déjà énormément vu et maintenant vous entrez dedans. Vous allez devenir une réalisatrice et vous voulez continuer à jouer la comédie et également à écrire. Vous allez être dans ce monde. Comment naviguez-vous dans cela ?
Kristen Stewart : Je suis tellement chanceuse. J'ai des gens qui écoutent. Je suis dans un endroit très chanceux.

Journaliste : C'est intéressant parce que je vis à New York et j'écris sur le féminisme et sur Hollywood. Je suis toujours un peu choquée lorsque je vais dans un endroit comme celui-ci ou que je vais à Los Angeles et que je vois toute la machinerie derrière tout cela.
Il s'agit de quelque chose que vous vivez. Vous semblez être un individu extrêmement heureux et charmant. Je ne vous connais pas, mais les gens croient bizarrement qu'ils vous connaissent. Comment gardez-vous votre propre identité et comment leur donnez-vous aujourd'hui ce dont ils ont besoin pour promouvoir vos films ?
Kristen Stewart : En ce moment, c'est étrange parce que je ne travaille pour personne. Je suis moins nerveuse ici parce que je ne suis pas vraiment préoccupée par le fait de représenter un réalisateur et la façon dont il veut parler d'une histoire.

Journaliste : Parce que vous êtes la réalisatrice.
Kristen Stewart : Ouais. C'est une aventure et c'est foutrement génial. Je devais en quelque sorte abandonner l'idée que vous pouvez contrôler la façon dont les gens vous voient. Vous ne pouvez pas. Lorsque vous essayez, vous commencez à devenir bizarre et ironiquement insensé parce que vous voulez que les autres pensent une certaine chose.
Honnêtement, vous devez littéralement être protecteur – mais pas surveillé – et être honnête sur ce dont vous vous souciez et sur ce dont vous ne vous souciez pas.
Je peux vous parler parce que c'est une conversation – mais je dois abandonner l'idée que quelqu'un va lire tout cela, parce qu'à ce moment-là vous commencez à penser à ce à quoi cela va ressembler pour tous les autres. Cette conversation peut exister ici et les gens peuvent la lire pour ce qu'elle est, mais aborder le monde en général est [écrasant]. Je n'y pense pas. Je veux simplement essayer d'avoir des conversations individuelles avec des gens et lorsque je n'ai pas à rencontrer la presse, je travaille.

Journaliste : Donc, vous recevez probablement des tonnes et des tonnes de scénarios et vous avez pris des décisions vraiment intéressantes. J'ai adoré Clouds Of Sils Maria. Quel film superbe ! Parlez-nous un peu de la façon dont vous faites vos choix en matière d'interprétation.
Kristen Stewart : C'est toujours instinctif. Je ne sais jamais ce que je vais faire. Il peut y avoir un sujet que je veux explorer, mais c'est typiquement plus en tant que réalisatrice qu'actrice. En tant qu'actrice, je veux lire quelque chose et tellement avoir envie de livre complètement que je dois conserver cette vie. Il est difficile pour moi de développer des projets avec des gens parce que cela doit me préoccuper intimement pour que je puisse l'honorer.

Journaliste : Êtes-vous également intéressée par la production ?
Kristen Stewart : Non. C'est la dernière chose que je veux faire. Je déteste les rencontres de développement. Si un personnage n'existe pas pour le moment, bien sûr je suis intéressée par l'écriture et la réalisation de ce projet. Mais je ne sais pas si je pourrais nécessairement jouer la comédie dans quelque chose comme cela parce que je ne sais qu'il s'agit d'une farce – je sais que j'aurais inventé.
Je dois avoir l'impression qu'un personnage a réellement existé, comme si je lis un livre d'histoires et que les gens doivent connaître cette histoire.

Journaliste : Vous avez eu beaucoup de membres féminines dans l'équipe sur celui-ci. Est-ce quelque chose que vous vouliez ou était-ce simplement les meilleures personnes pour le job ?

Kristen Stewart : Pour être honnête, elles étaient les meilleures personnes pour le job. Cela n'était pas totalement intentionnel. Mais, je pense que si j'avais eu une équipe complètement masculine, je l'aurais remarqué et j'aurais fait quelque chose pour réparer cela.

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